Cet article est paru dans La Revue Gestalt 2020/1(n°54), 11-27
Béjà, V. & Belasco, F. (2020). La fabrique du thérapeute : Parcours croisés, questions traversées en Gestalt-thérapie. Gestalt, 1(1), 11-27. https://doi.org/10.3917/gest.054.0011
Au fil d’un dialogue, les auteurs de cet article décrivent la façon dont ils sont devenus thérapeutes depuis les années 1990. Partant de leurs difficultés initiales dans la pratique, ils exposent ce qui leur a permis de construire progressivement leur compréhension propre de l’intervention Gestaltiste : efforts constants pour théoriser leur pratique, modélisation par la supervision, lectures, ouverture sur d’autres modalités, recherche en psychothérapie. Ils éclairent ainsi la Gestalt-thérapie relationnelle dans une perspective de champ. C’est le cœur de la formation qu’ils proposent aujourd’hui.
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« C’est ainsi qu’aujourd’hui dans notre approche nous insistons sur l’importance de quitter une position d’extériorité pour aller à la rencontre du monde du patient et être touché de façon sensible par l’impasse qu’il apporte dans notre cabinet. Nous basons aussi notre travail sur une attitude phénoménologique qui consiste à décrire plus qu’à interpréter et sur une perspective de champ qui rend compte de notre totale et irrémédiable interdépendance et qui interdit toute possibilité d’extériorité. Simultanément à cela il nous paraît indispensable d’apprendre à accéder à une perspective « méta » (c’est à dire d’une « théorie » - littéralement d’un « regard sur »).
En effet nos patients viennent toujours en thérapie avec une forme d’ambivalence relationnelle plus ou moins perceptible mêlant crainte d’être reconduit à de la souffrance et espoir d’être enfin reçu et compris. Aussi considérons-nous à cet égard que la dynamique relationnelle dans laquelle le thérapeute est d’abord pris avec son client doit être entendue dans l’actualité de la séance comme un appel prenant la forme d’une mise à l’épreuve. S’en dégager pour rencontrer le patient au lieu de sa souffrance et s’accorder à son « attente secrète » est un défi exigeant qui nécessite de la part du thérapeute une analyse permanente de ses propres affects.En comprenant la difficulté relationnelle comme un appel qui nous est adressé au présent, dans le vif de la séance (...) nous mettons au centre de notre théorisation toute la puissance émotionnelle de la rencontre humaine. »